Titre : | Génération du hip-hop [thèse] : Danser au défi des assignations | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Isabelle Kauffmann | Editeur : | Nantes [France] : Université de Nantes | Année de publication : | 2007 | Langues : | Français Langues originales : Français | Catégories : | A:Autonomie D:Danse E:Ethnographie F:France H:Hip-hop H:Histoire de la danse H:Histoire du hip-hop L:Luttes (symbolique) M:Mondes de l'art S:Socialisation T:thèse
| Résumé : | Il est des générations qui rompent d’autant plus avec leurs aînés qu’on ne les attend pas. C’est d’une certaine manière le destin social promis aux enfants des immigrés des « Trente Glorieuses », ouvriers appelés à repartir dans « leur » pays, une fois les besoins en main d’œuvre satisfaits. Par définition, cette migration de travail n’était pas supposée devenir migration de peuplement, autrement dit, les ouvriers qui étaient venus travailler en France n’étaient pas censés y faire souche. Dans un tel contexte, quelle place incombait-il aux enfants de la « double absence » ? La dégradation du marché du travail exacerba le problème, tout en le brouillant. Les enfants d’ouvriers ou de chômeurs se trouvèrent eux aussi « à côté de leur place ». Cette impasse, dans laquelle se situe une partie de la jeunesse populaire depuis la fin des années 1970, permet de rendre raison de l’engagement dans le hip-hop. Au premier abord, ce point de vue, quasi-historique, est peu lisible dans les conditions de vie des danseurs enquêtés. On pourrait presque l’oublier tant le contraste est saisissant entre l’avenir, d’un côté assigné (fils d’ouvriers, d’employés, élèves de filières techniques, relégués dans des métiers dévalorisés), de l’autre nié (enfants de chômeurs, eux-mêmes exclus du marché du travail ou maintenus à sa marge) et l’univers hip-hop qui va prendre forme au cours des années 1980. Sans doute est-ce d’ailleurs l’un des sens donné à ce mouvement par ses membres : « une lutte [...] à la recherche de son propre langage, pour se réapproprier un pouvoir de se définir. » Et c’est dans cette perspective que nous avons cherché à comprendre la genèse de la danse hip-hop en France.
Cependant, avant de nous intéresser au contexte de production du hip-hop, nous avions décidé d’inclure notre problématique dans le champ de la sociologie de l’art. Nous étions engagée dans des questionnements sur le passage de cette danse d’une pratique « ludique » à une pratique « artistique ». La première e?tait alors principalement pensée comme non autonomisée de son contexte de production, la seconde était décrite comme un monde (au sens beckerien), autrement dit une pratique rationelle et structurée, « adulte » pourrait-on dire. Mais rapidement, la réalité de notre terrain nous à sembler contredire ce point de vue dominocentrqiue et nous nous sommes posé la question de l’autonomie de la danse hip-hop en tant qu’espace social. Par autonomie, il ne s'agissait pas de décrire l’autonomisation d’une pratique et un d’un groupe social « par le haut », dans un processus d’institutionnalisation et d’ascension sociale qui permet de s’autonomiser, par exemple, du champ économique ou politique, comme Pierre Bourdieu l’analyse dans Les règles de l’art. Dans le cas du hip- hop, on a au contraire affaire à une autonomie « par défaut », liée à la position minorisée des adeptes de ce genre. Ce n’est pas ici une conquête d’autonomie mais une lutte pour son maintien et sa reconnaissance par les instances hétéronomes avec lesquelles les danseurs vont être en contact (théâtres, centres d’animation, collectivités territoriales, etc.). C’est dans un climat de rupture, avec l’« Art » et avec les « Institutions », que nous avons finalement construit notre problématique; cherchant d’abord des différences là où il n’y avait peut-être que des nuances et des successions, là où il aurait sans doute fallu voir des superpositions. Penser le hip-hop comme espace de socialisation nous a finalement permis d’analyser son autonomie. | En ligne : | https://www.academia.edu/19650229/Generation_du_hip_hop | Permalink : | http://lezartsurbains.tipos.be/opac_css/
index.php?lvl=notice_display&id=9302 |
Génération du hip-hop [thèse] : Danser au défi des assignations [texte imprimé] / Isabelle Kauffmann . - Nantes (Chemin de la Censive du Tertre, 44312, France) : Université de Nantes, 2007. Langues : Français Langues originales : Français Catégories : | A:Autonomie D:Danse E:Ethnographie F:France H:Hip-hop H:Histoire de la danse H:Histoire du hip-hop L:Luttes (symbolique) M:Mondes de l'art S:Socialisation T:thèse
| Résumé : | Il est des générations qui rompent d’autant plus avec leurs aînés qu’on ne les attend pas. C’est d’une certaine manière le destin social promis aux enfants des immigrés des « Trente Glorieuses », ouvriers appelés à repartir dans « leur » pays, une fois les besoins en main d’œuvre satisfaits. Par définition, cette migration de travail n’était pas supposée devenir migration de peuplement, autrement dit, les ouvriers qui étaient venus travailler en France n’étaient pas censés y faire souche. Dans un tel contexte, quelle place incombait-il aux enfants de la « double absence » ? La dégradation du marché du travail exacerba le problème, tout en le brouillant. Les enfants d’ouvriers ou de chômeurs se trouvèrent eux aussi « à côté de leur place ». Cette impasse, dans laquelle se situe une partie de la jeunesse populaire depuis la fin des années 1970, permet de rendre raison de l’engagement dans le hip-hop. Au premier abord, ce point de vue, quasi-historique, est peu lisible dans les conditions de vie des danseurs enquêtés. On pourrait presque l’oublier tant le contraste est saisissant entre l’avenir, d’un côté assigné (fils d’ouvriers, d’employés, élèves de filières techniques, relégués dans des métiers dévalorisés), de l’autre nié (enfants de chômeurs, eux-mêmes exclus du marché du travail ou maintenus à sa marge) et l’univers hip-hop qui va prendre forme au cours des années 1980. Sans doute est-ce d’ailleurs l’un des sens donné à ce mouvement par ses membres : « une lutte [...] à la recherche de son propre langage, pour se réapproprier un pouvoir de se définir. » Et c’est dans cette perspective que nous avons cherché à comprendre la genèse de la danse hip-hop en France.
Cependant, avant de nous intéresser au contexte de production du hip-hop, nous avions décidé d’inclure notre problématique dans le champ de la sociologie de l’art. Nous étions engagée dans des questionnements sur le passage de cette danse d’une pratique « ludique » à une pratique « artistique ». La première e?tait alors principalement pensée comme non autonomisée de son contexte de production, la seconde était décrite comme un monde (au sens beckerien), autrement dit une pratique rationelle et structurée, « adulte » pourrait-on dire. Mais rapidement, la réalité de notre terrain nous à sembler contredire ce point de vue dominocentrqiue et nous nous sommes posé la question de l’autonomie de la danse hip-hop en tant qu’espace social. Par autonomie, il ne s'agissait pas de décrire l’autonomisation d’une pratique et un d’un groupe social « par le haut », dans un processus d’institutionnalisation et d’ascension sociale qui permet de s’autonomiser, par exemple, du champ économique ou politique, comme Pierre Bourdieu l’analyse dans Les règles de l’art. Dans le cas du hip- hop, on a au contraire affaire à une autonomie « par défaut », liée à la position minorisée des adeptes de ce genre. Ce n’est pas ici une conquête d’autonomie mais une lutte pour son maintien et sa reconnaissance par les instances hétéronomes avec lesquelles les danseurs vont être en contact (théâtres, centres d’animation, collectivités territoriales, etc.). C’est dans un climat de rupture, avec l’« Art » et avec les « Institutions », que nous avons finalement construit notre problématique; cherchant d’abord des différences là où il n’y avait peut-être que des nuances et des successions, là où il aurait sans doute fallu voir des superpositions. Penser le hip-hop comme espace de socialisation nous a finalement permis d’analyser son autonomie. | En ligne : | https://www.academia.edu/19650229/Generation_du_hip_hop | Permalink : | http://lezartsurbains.tipos.be/opac_css/
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